Ce livre est important ! Il s'agit du premier essai qui explore de manière systématique les rapports entre écologie et théologie de la libération, notamment à travers l'oeuvre de Leonardo Boff, non seulement un des plus grands théologiens latino-américains, mais aussi un des penseurs critiques les plus importants de notre époque.

L'ouvrage de Luis Martínez se distingue tant par un engagement éthique et politique fort que par l'originalité de la démarche interdisciplinaire, associant sociologie de la religion (de Max Weber à Danièle Hervieu-Léger), sociologie (marxiste) de la culture (Lucien Goldmann) et des utopies (Ernst Bloch), théories décoloniales (Enrique Dussel). Les nombreux auteurs convoqués sont relus et réinterprétés à la lumière de la problématique de l'ouvrage.

On trouve de surcroît un formidable matériel documentaire recueilli sur le terrain : des entrevues avec des théologiens, des acteurs sociaux, des chercheurs. Grâce à ses questions perspicaces, Martínez parvient à faire dialoguer et à susciter des débats entre les penseurs : Boff, Jung Mo Sung, Dussel, moi-même, etc.

Ce livre présente une analyse toute en finesse et en nuances de l'évolution intellectuelle et spirituelle de Boff, d'autant plus pertinente qu'il n'existe pas de biographie intellectuelle du théologien brésilien.

L'auteur défend de manière convaincante la thèse selon laquelle la théologie de la libération de Boff - surtout à la suite de son « tournant écologique » - est bien une critique moderne de la modernité, qui articule de façon singulière spiritualité franciscaine et critique du capitalisme, écologie holiste et libération sociale.

Luis Martinez Andrade