Ce que dit l'éditeur
Béla Bartók (1881-1945) : Danses populaires roumaines
Matteo Fossi, piano
"J'ai toujours été fasciné par la figure de Bela Bartok, dès ma jeunesse, lorsque mon maître m'a initié tout d'un coup à son monde poétique et sonore.
"En grandissant, j'ai pu approfondir l'extraordinaire variété de son talent : au-delà de l'énorme portée de son travail de compositeur, c'était un pianiste extraordinaire, un professeur passionné, un infatigable voyageur et observateur des peuples, un auteur brillant, un homme de son temps, caractérisé par une honnêteté intellectuelle et une éthique profonde qui n'ont pas d'égal tout au long du XXe siècle.
"Le programme que j'ai choisi pour cet enregistrement quelques chefs-d'œuvre universellement reconnus mais aussi des pages moins jouées (la poésie des deux Élégies, par exemple, est merveilleuse). Toutes ces compositions, dont beaucoup sont le fruit explicite de son travail d'ethnomusicologue, ont en commun la précision de l'écriture et la variété du timbre. Ces œuvres devraient, à mon avis, briser définitivement l'image d'un Bartok « percussif » et agressif et exalter le côté plus imaginatif et poétique d'un des compositeurs les plus importants de l'histoire." Matteo Fossi
Pionnier de l'ethnomusicologie moderne, Béla Bartók étudia sans relâche les folklores d'Europe centrale. Son dessein était double : étudier et promouvoir ces musiques qu'il aimait tant ; mais également nourrir son propre langage de compositeur. Cette appropriation se fit au niveau le plus superficiel, par l'arrangement (Trois Chants populaires de Csík, Danses populaires roumaines, Improvisations sur des chansons paysannes hongroises) ou l'imitation (Deux Danses populaires roumaines) d'airs paysans. Mais la musique populaire irrigua des couches de plus en plus intimes de son style – harmonie, rythme, mélodie et même structure musicale –, engendrant aussi bien la frénésie de l'Allegro barbaro que la poésie bouleversante des Deux Élégies. Dans sa curiosité insatiable, Bartók projeta ses recherches au-delà des Carpathes. Un voyage en Algérie, en 1913, laisse son empreinte sur la Suite op. 14. De complexes rythmes bulgares inspirent les six dernières pièces du cycle des Mikrokosmos. Ce folklore qui affleure sans cesse, c'est ce qui rend la musique de Bartók si humaine, et sa voix si singulière.