Rip Van Winkle

Ce que dit l'éditeur

Rip Van Winkle

Les voyageurs qui ont remonté le cours de l'Hudson doivent avoir gardé souvenir des montagnes de Kaatskill. Elles forment un rameau détaché de la grande chaîne des Appalaches et se voient dans le lointain, à l'ouest du fleuve, fières, élancées, dominant le pays. Chaque changement de saison, ou même de temps, chaque heure du jour, modifient leurs couleurs et leurs formes magiques. À la ronde, toutes les bonnes femmes les considèrent comme un parfait baromètre. Quand le temps est au beau fixe, vêtues de bleu et de pourpre, elles découpent leurs contours audacieux dans le clair du soir...

Washington Irving

New York City, le 8 avril 1783 - 28 novembre 1859, Tarytown dans la vallée de l'Hudson (à « Sunnyside ») Tout d'abord essayiste et journaliste, Irving publie en 1820 The Sketch Book sous le pseudonyme de Geoffrey Crayon, Gent., chez l'éditeur londonien John Murray. Immédiatement cette esquisse est un grand succès et fera un triomphe au théâtre de part et d'autre de l'Atlantique.

On y trouve deux récits évocateurs de la beauté grandiose des paysages américains : il s'agit de la Légende de la Vallée Somnifère, et de Rip Van Winkle salué par la critique comme « le meilleur conte du siècle. »

Par le pseudonyme qu'il choisit Irving s'emploie à dérouter le lecteur ; il augmente son trouble en accompagnant l'histoire d'une note en préface et de deux notes en postface. La première désigne un certain Knickerbocker comme l'auteur soi-disant véritable du conte. Quant aux dernières, elles se réfèrent d'une part au folklore en évoquant les légendes des monts Kaatskill et d'autre part au témoignage de Knickerbocker lui-même - n'affirme-t-il pas avoir rencontré Rip Van Winkle en personne ?

Par ce côté où l'affabulation glisse vers l'authenticité des événements et des personnages, où la fiction rejoint la réalité, Rip acquiert la valeur de modèle type. Anti-héros, amateur par excellence d'activités ludiques et gratuites, il refuse sans ostentation le sort de ses semblables. En fuyant la réalité ordinaire - les contraintes conjugales ou celles du travail - il va à la rencontre des revenants d'un autre monde et goûte le nectar qu'ils savourent en silence. Ce qui lui vaudra en prime un long sommeil de vingt années...

Quelques repères :

Ce conte fantastique fait référence à l'histoire américaine :

• en partie légendaire par l'évocation d'Hendrick Hudson, de son vrai nom Henry Hudson, anglais d'origine, qui découvrit en 1609 l'embouchure du fleuve qui porte son nom, alors qu'il était employé par la Dutch East India Company. Il disparut sans laisser de trace au cours d'une expédition ultérieure. Ce mystère donna naissance à la légende.
• en partie événementielle par l'évocation de la guerre de l'Indépendance. C'est pourquoi Irving évoque, au retour de Rip dans son village, les héros de 76, premiers volontaires américains lors de la bataille qui se déroula en 1775 contre les troupes anglaises à Bunker Hill, colline située près de Boston.

Arthur Rackham

Londres, 19 septembre 1867 - 6 septembre 1939, Surrey

Rip Van Winkle est publié en septembre 1905 chez Heinemann, Londres et Doubleday, Page & Co, New York. Dans ses illustrations Rackham rend hommage à Dürer ainsi qu'à Cruikshank. Aux scènes réalistes se mêlent les thèmes fantastiques qui fondèrent la renommée de Rackham dont le génie fut de rendre le monde imaginaire proche du monde humain.