Rue de la peau

Ce que dit l'éditeur

Employé modèle chez Scheiner & fils, fourreurs réputés installés au coeur d'un quartier populaire de Londres où les manufactures sont encore nombreuses en cet an de grâce 1967, Monsieur F., célibataire endurci et bientôt quinquagénaire, voit un jour sa vie routinière bouleversée par l'irruption d'un cauchemar qui revient le hanter nuit après nuit. Profondément désemparé par la vision du corps sans vie, nu et ligoté, du jeune homme inconnu qui apparaît désormais chaque soir dans son appartement, Monsieur F. se met en devoir d'exorciser son désarroi en s'abîmant dans son travail, sélectionnant avec toujours plus de rigueur les innombrables fourrures de prix qu'il convient ensuite de couper et d'assembler afin d'assurer aux élégantes de Londres la jouissance de cette animalité enfin apprivoisée. Mais du jour où pénètre dans son royaume industrieux un jeune homme scandaleusement semblable à la troublante icône de ses nuits - en la personne du neveu de son employeur, venu s'initier aux arcanes d'une entreprise qu'il est appelé à diriger plus tard -, Monsieur F. se voit contraint de faire plus ample connaissance avec la part nocturne de son être...

Placée sous le double signe de Baudelaire et d'Oscar Wilde, cette envoûtante variation sur le thème de « la Belle et la Bête », qui met superbement en scène une ville de Londres aujourd'hui disparue tout en célébrant avec une sensuelle précision l'univers fascinant d'un artisanat très particulier, réactive avec panache les sortilèges d'une esthétique du sensible où, de clair-obscur en éblouissements, et de l'émoi à la cruauté, le désir se mesure en combat singulier aux puissances de la chair.