Quelque dix ans après les Louanges vespérales, voici les Louanges matutinales. Dans la complémentarité, dans la logique chronologique, puisque la journée - au sens des vingt-quatre heures du jour - était comptée à partir du soir, mais aussi au sens de la Genèse, où il est dit « il y eut un soir, il y eut un matin ». Triple sens donc, qui nous amène au seuil de ce nouveau petit livre.

Comme pour le soir, la prière du matin s'inscrit dans la vision de l'homme et le mystère du Dieu Créateur ; elle chante la grandeur du Dieu de la Création, et on y retrouve le même assemblage de prières au départ ambrosiennes mais aussi mérovingiennes, carolingiennes, et presque contemporaines, avec dom Anselmo Lentini, moine du Mont-Cassin...

En commun encore dans ces deux petits livres, le latin, avec la musique de ses mots (dans le chant), et le lecteur retrouve ici dom Hala dans ses soucis de philologue (proche en cela de Jacques Fontaine) infatigable peseur de mots, sensible à leurs multiples échos, qui remontent jusqu'aux auteurs païens de la Rome classique.

Dans ces hymnes du matin, tout est baigné de lumière, cette lumière qui disperse les ténèbres de la nuit ; et chasser la nuit, c'est chasser le péché. C'est donc un appel aux lecteurs pour qu'ils n'en restent pas au sens purement littéral de ces textes, et qu'ils essaient de se nourrir de la riche spiritualité dont ils témoignent à travers l'épaisseur des temps.

La lumière, l'aurore au quotidien, nous laissent aussi entendre et attendre l'ultime matin, celui de la fin des temps. Autrement dit, l'hymne est tout sauf statique, elle se comprend aussi dans une perspective eschatologique, dans un mouvement qui nous rappelle que le chrétien est « en route », durant toute sa vie, vers la patrie céleste » (Michel Perrin).