80 ans de l'Institut de recherche et d'histoire des textes

Actes du colloque organisé par l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres et l'Institut de recherche et d'histoire des textes (IRHT-CNRS) à l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, le 4 mai 2018

Le 7 mai 1937, dans le bureau du Prix Nobel de physique Jean Perrin, alors sous-secrétaire d'État à la recherche scientifique dans le gouvernement du Front populaire, fut décidée la création d'un « Institut de recherche et d'histoire des textes » (IRHT). Félix Grat, son fondateur, le voulait voué à « l'étude de la transmission écrite de la pensée humaine », principalement sous la forme manuscrite et pour la période médiévale. D'abord conçu au service des latinistes et des textes classiques - puisque ce sont les manuscrits médiévaux qui nous ont transmis l'héritage culturel de l'Antiquité -, il élargit très vite son champ linguistique vers le grec, l'hébreu, l'arabe, le copte, le syriaque, les langues romanes, c'est-à-dire l'ensemble des véhicules de la culture écrite du pourtour de la Méditerranée. Il enrichit aussi son éventail disciplinaire avec la codicologie, la paléographie, la diplomatique, l'histoire des bibliothèques, l'iconographie, la musicologie, la lexicographie, plus récemment la papyrologie et l'histoire des sciences. Il prit aussi en compte les débuts du livre imprimé, jusqu'aux environs de 1500, et s'étend volontiers jusqu'à la période contemporaine dès qu'entre en jeu l'histoire des collections. Premier en date des laboratoires publics dédiés aux sciences humaines, l'IRHT célèbre son 80^e anniversaire juste avant d'ouvrir une nouvelle page de son histoire, qui le voit rejoindre la Cité des humanités et des sciences sociales bâtie sur le campus Condorcet à Aubervilliers.

On May 7, 1937, in the office of the Nobel Prize winner Jean Perrin, then Under-Secretary of State for Scientific Research in the French Popular Front government, it was decided to create an « Institute for Research and the History of Texts » (IRHT). Félix Grat, its founder, wanted it to be dedicated to « the study of the written transmission of human thought », mainly in manuscripts and during the medieval period. First conceived for Latinists and classical texts - because medieval manuscripts transmit the cultural heritage of antiquity - it very quickly broadened its linguistic horizons to include Greek, Hebrew, Arabic, Coptic, Syriac, and vernacular French, i.e. all the vehicles of written culture around the Mediterranean. It then expanded the range of disciplines to encompass codicology, palaeography, diplomatics, library history, iconography, musicology, lexicography, and more recently papyrology and the history of science. It has also embraced the coming of the printed book, up to around 1500, and willingly extends its vision to the contemporary period when the history of collections come into play. The first public institution to be devoted to the humanities in France, IRHT celebrates its 80th anniversary just before opening a new page in its history, when it will join the Cité des humanités et des sciences sociales built on the Condorcet campus in Aubervilliers.

François-Joseph Ruggiu