La scène du texte, une autre manière de dire le Théâtre-Poème, ce lieu hors normes, écrivait Jacques De Decker, où l'on n'a jamais cessé de penser qu'il n'était pas nécessaire qu'un texte se voulût théâtral pour se révéler éminemment scénique.

Regrettant que «le dire du poème» se cantonnât trop souvent dans les arrières salles de café où se réunissaient les poètes dans les années 50, Monique Dorsel eut l'envie de diffuser la poésie - sa passion - parmi les jeunes. Rompant avec le traditionnel récital de poèmes, elle imagina le «spectacle-poème» alliant poésie et spectacle. Elle créa, en 1962, Les Jeunesses Poétiques qui, à l'instar des Jeunesses Musicales, diffusa la culture dans les établissements scolaires. Mais son public enthousiaste quitta bientôt, l'âge venant, l'école. D'où, parallèlement à cette première activité qui se poursuit toujours en l'an 2002, la création du Théâtre-Poème.

L'introduction à cet album des activités scéniques du Théâtre-Poème, Monique Dorsel l'a voulue comme une profession de foi, comme une définition de la base de son action où le texte est roi. C'est pourquoi, dans le relevé des spectacles donnés de 1965 à 1983, on y retrouve aussi trace des entretiens qui accompagnèrent les représentations, pour en éclairer le sens, pour en mieux connaître les auteurs, pour situer le choix de ces textes dans l'évolution de la pensée.

Car pour Monique Dorsel, le théâtre n'est pas une fin en soi, c'est davantage l'expression d'un texte, d'une littérature, d'une pensée montrée sur scène. Son Théâtre-Poème n'est autre qu'une écriture à haute voix, le spectacle de la littérature, la scène des textes.

Pierre Mertens