Lucien Laberthonnière

Lucien Laberthonnière est un homme du XIXè siècle en avance sur son temps. Né en 1860, il entre au séminaire de Bourges où il se passionne pour la philosophie, dans laquelle, dès sa jeunesse, il "reconnaît la rationalité du christianisme" et fait la connaissance de Maurice Blondel à qui va le lier une amitié profonde puis choisit l'Oratoire. Il enseigne la philosophie au collège oratorien de Juilly pendant près de 10 ans, avant de prendre la direction de Massillon à Paris, puis de Juilly, jusqu'à la loi de 1903 sur les congrégations. C'est l'année où il publie ses essais de philosophie religieuse, suivis par Le réalisme chrétien et l'idéalisme grec dans lequel il critique l'influence de la pensée grecque, en particulier sur Thomas d'Aquin, ce qui déclenche les foudres du Vatican alors en pleine révolution néothomiste. Il indispose encore davantage Rome en affirmant que la foi n'est pas soumission à une autorité extérieure mais expérience de vie et en dénonçant la confusion de l'Eglise, source de charité et l'institution ecclésiastique autoritaire. Il dessine ainsi les grandes lignes de ce que sera un demi siècle plus tard l'orientation du concile Vatican II. Mais la sanction tombe : il est interdit de publication après son dernier livre, Sur le chemin du catholicisme, en 1913. Il meurt en 1930 et ses ouvrages ultérieurs, Etudes sur Descartes dont il critique l'agnosticisme ou La notion chrétienne de l'autorité sont publiés à titre posthume. Claude Tresmontant a publié l'importante correspondance de Laberthonnière avec Blondel et montré le caractère prophétique de sa pensée.