Gaston Fessard, père jésuite, a exercé une grande influence par sa clairvoyance face aux deux totalitarismes qui ont avili l'homme au XXè siècle. Ce spécialiste de la philosophie allemande a échangé avec les plus grands esprits de son temps, de Teilhard de Chardin à Raymond Aron, Emmanuel Mounier ou Claude Levy-Strauss.
Gaston Fessard compte parmi les grands philosophes et théologiens du XXè siècle. Ce jésuite fut le rédacteur du premier cahier de Témoignage Chrétien, France, prends garde de perdre ton âme, qui appelait à la résistance. Il récidiva avec l'image, inspirée de Hegel dont il était un spécialiste, du prince-esclave auquel il ne fallait pas obéir et dans lequel on pouvait reconnaître le régime de Vichy à la solde de l'occupant. Sa grande lucidité politique, qui lui a fait dès 1937 dénoncer les deux totalitarismes, fasciste comme communiste, dans Le dialogue catholique-communiste est-il possible ou L 'épreuve de force. Réflexions sur la crise internationale, fit de lui l'interlocuteur et l'ami entre autres de Raymond Aron dont il baptisa l'un des enfants. Elle est résumée dans Mystère de la société. Recherches sur le sens de l'histoire publiée en 1948. Son oeuvre spirituelle est ainsi très importante, ainsi les trois tomes de sa Dialectique des exercices spirituels d'Ignace de Loyola. Tout aussi intéressante, son énorme correspondance a été en partie publiée : celle avec Gabriel Marcel, préfacée et annotée par le cardinal de Lubac et celle avec Pierre Teilhard de Chardin. Frédéric Louzeau vient de consacrer une importante biographie au père Fessard.