Sergueï Boulgakov fait partie de la soixantaine d'intellectuels expulsés d'URSS en 1922. Il est l'un des fondateurs de l'institut de théologie orthodoxe de Paris, l'institut Saint Serge. Outre une oeuvre importante de réflexion théologique, il appartient aux pionniers de l'oecuménisme.
Sergueï Boulgakov, né en 1871 dans une petite ville de Russie centrale, dans une famille qui compte sept générations de prêtres et de diacres, rejette pourtant la foi à l'âge de 15 ans et se plonge dans les oeuvres de
Karl Marx. Il choisit d'étudier le droit et l'économie politique. Sa réflexion va cependant l'éloigner progressivement du marxisme et le ramener à la spiritualité russe, ainsi que l'explique son livre de 1903
Du marxisme à l'idéalisme. Professeur d'économie à Kiev, il s'engage en politique et est élu député socialiste chrétien à la Douma en 1906. Il retrouve la foi en 1909, à la suite de la perte d'un enfant et d'un séjour dans un monastère et publie avec
Nicolas Berdaiev un livre important pour l'orthodoxie,
Jalons, en 1912. Opposé à la révolution bolchévique, il est ordonné prêtre en 1918, avant de s'exiler en Crimée pendant la guerre civile, et de publier
Sur le festin des dieux, vive critique des évènements. Pendant cet exil, il côtoie le catholicisme qui le tentera un moment. En 1922, il est expulsé avec une soixantaine d'autres intellectuels, avec dans ses bagages les manuscrits de
La tragédie de la philosophie et de l'
Introduction philosophique à la vénération du nom de Dieu. il se réfugie à Prague où il reste deux ans avant de s'installer à Paris où il participe à la fondation de l'
Institut Saint Serge et y enseigne la
théologie dogmatique. Entre cours et conférences, aux États-Unis en 1934 par exemple, il écrit ses deux importantes trilogies, la petite, celle du
Buisson ardent et la grande, celle de
L'agneau de Dieu. Il meurt en 1944 et repose au cimetière russe de
Sainte Geneviève des Bois.