L'assourdissant silence.

La pleine obscurité.

Je veux photographier Pyongyang, mais ne poignent que des ténèbres.

Dehors, ce n'est pas que la nuit, c'est la fin d'un monde.

La fin d'hier.

Demain sera un monde bref. Une énième occurrence d'un identique présent. Ailleurs, chez moi, la chose est même, mais jamais je ne la ressens.

Par la fenêtre nous scrutons la nuit. Peau collée à la vitre nous tentons d'apercevoir cette vie que nous sommes venus voir, de constater ce que nous considérions comme une anomalie contemporaine. Pas une silhouette, pas une lumière.

La froideur de Pyongyang, les drapeaux, l'omniprésence des Kim, les statues, les cadavres embaumés qui miment la vie, la neige balayée sur l'autoroute, les foules et le vide, les rires et les ordres, les barbelés et les silences des nuits opaques. Voilà ce que la Corée du Nord offre à vivre aux touristes qui franchissent sa frontière. Ce témoignage est avant tout celui de l'étiolement de la pensée dans une société où tout est contrôlé et feint. Martin Le Roux décrit ici les expériences déconcertantes vécues avec son ami Pol dans cet autre monde, l'envers du nôtre, qui leur a fait éprouver l'embarras, l'inconfort et la peur, mais les a aussi surpris les rares fois où ils ont eu la chance d'en apercevoir les coulisses.

Mot et le reste