Archéologies. Visages

Ce que dit l'éditeur

«Il est possible que vous ayez raison : Il faut écrire simplement, éviter les difficultés de compréhension, pour une lecture rapide, car le lecteur est aujourd'hui pressé de se détendre, se distraire.

Il y a trop de problèmes partout, alors il faut revenir à une littérature d'évasion et, comme vous dites, au plaisir du steak-frites et de la barbe à papa.

Je vous assure que je voudrais bien être un auteur populaire, mais j'en refuse les moyens - que très probablement je n'ai pas car il faut un talent certain pour exploiter et éventuellement combiner les recettes des genres populaires : romans à l'eau de rose, science-fiction et littérature policière internationales, théâtre de boulevard, etc.

Croire qu'un récit pornographique saupoudré de quelques signes d'intellectualisme va amener ses lecteurs aux livres de Ponge et de Merleau-Ponty, croire que des biographies plus ou moins romancées de Goethe ou de Hugo étendront beaucoup leur public, c'est un leurre, un alibi. Je ne nomme cependant que des écrivains bien connus et, en principe, assimilés.

Je ne veux surtout pas dénigrer la culture populaire dont je suis largement issu. Je ne renierai jamais le capitaine Némo, Chuck Berry, Autant en emporte le vent, les dessins de Flash Cordon, les Pieds Nickelés... Cela ne veut pas dire qu'ils m'ont apporté la même richesse que Corneille, T.S. Eliot, Nathalie Sarraute, Mauricio Kagel, Brancusi... Que sais-je !

Je suis comme tout le monde : dès que je me mets à réfléchir un peu, je me sens perdu dans le temps, l'espace et les événements. Je m'accroche à quelques personnes pour ne pas sombrer dans l'inertie, je m'investis dans une vocation liée à mon tempérament curieux - sentir, ressentir, vivre le plus intensément possible et en faire profiter d'autres autant que je peux.

Je cherche du sens ou au moins des repères dans un visage et dans une fresque mésopotamienne ou une création numérique, mais je conçois que d'autres personnes aient besoin d'autres leviers. C'est pour cela que je m'intéresse au grand public (je suis aussi le grand public) mais assurément je ne l'atteindrai pas. Tant pis. Sans doute parce que le steak-frites et la barbe à papa ne suffisent pas à mon appétit.»

S. F.