Collages. Collages
André Stas (Auteur (illustrateur))
Versailles, Lyon 2ᵉ, Lyon 6ᵉ...
Ce que dit l'éditeurComme André Stas me téléphone pour me demander une préface à sa prochaine exposition, je descends à la cave. Dans l'escalier, je songe à un phénomène curieux qui se produit dans mon quartier depuis quelques semaines. À diverses reprises, en sortant promener mon chien, je découvre des souliers abandonnés dans la rue ; parfois la paire, parfois une chaussure seule. Ce ne serait pas extraordinaire s'il n'y avait cette réitération. Jadis, on trouvait surtout des gants (solitaires comme le vice), entre autres dans les cabines téléphoniques. Je ne sais si cette coutume se poursuit. Toujours dans l'escalier, sur l'antépénultième marche, je me félicite d'habiter une rue en pente, ce qui me met à l'abri des inondations, songeant du même coup à la devise que Ponge prête à l'eau : le contraire d'excelsior. Pour les séismes je me sens moins rassuré. Le mieux serait de grimper les escaliers quatre à quatre et de tomber avec la maison, par-dessus, évitant ainsi de me trouver en dessous. (Le trait d'union dans le premier cas et son absence dans l'autre sont déjà significatifs.) À la cave où je ne me rends guère, je suis frappé par une vaste et épaisse tapisserie de toiles d'araignées, constellée de grosses mouches domestiques. Je n'ai pas vérifié si leur disposition évoquait le ciel étoilé, ce qui ne serait pas plus étonnant que le ciel étoilé lui-même. Car si l'on connaît à peu près la date du big bang, on ne sait toujours pas ce qu'il y avait avant - avant, c'est-à-dire quand nos ennuis ont vraiment commencé. Cette floraison de mouches au sous-sol est étrange car les issues sont fermées. Elle s'explique au grenier, où entrées par les fenêtres et survolant l'escalier, les mouches viennent mourir de faim pour n'avoir pu trouver la voie du retour. (Moi-même, enfant, j'avais de la peine à reconnaître l'envers du chemin quand il me fallait revenir sur mes pas, toutes les maisons ayant changé inexplicablement de côté.) Je me pose la question d'une sorte d'élevage savant de mouches par les araignées, de manière à constituer une réserve de nourriture dans ce qui est finalement, bien que spacieuse et poussiéreuse à souhait, une prison. C'est à vérifier. N'ayant pas trouvé de préface dans la cave, je remonte. Il va falloir que je l'écrive. Marcel Mariën |
RésuméArtiste, écrivain, plasticien, André Stas réalise des collages pour faire surgir le non-dit d'une image, le hors-champ d'une scène, l'interdit d'une situation. Il détourne des images, triture des gravures, des bandes dessinées, des magazines féminins, etc. Cet ouvrage montre la diversité de son travail. ©Electre 2024 |
Caractéristiques Auteur(s) André Stas
(Auteur (illustrateur)) Éditeur(s) Date de parution
23 mai 2013
Collection(s)
Côté arts
Rayon
Arts généralités
Contributeur(s) Gail Ann Fagen
(Traducteur), Alain De Wasseige
(Directeur de publication) EAN
9782873403287
Nombre de pages
202
pages
Reliure
Broché
Dimensions
23.0
cm x
24.0
cm x
1.6
cm
Poids
765
g
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