L'art de Charles Pollock : douce raison

Ce que dit l'éditeur

L'art de Charles Pollock

Douce raison

S'il est inhabituel aux yeux du public français de voir le prénom Charles précéder le patronyme Pollock, il répond cependant, lui aussi - quoique d'une manière plus discrète et plus secrète - aux ferventes injonctions de l'art de peindre.

Aîné d'une famille hors du commun, qui sut insuffler et cultiver chez tous ses fils la soif et le respect de la culture à une époque où le matérialisme le plus vil se déchaînait aux États-Unis, Charles Pollock (1902-1988) connut tout au long de sa fertile existence, de la Californie à New York, du Mexique au Michigan et à Paris, d'innombrables carrières. Il fut peintre du réalisme social, illustrateur documentariste de la Dépression, caricaturiste de la presse syndicale, illustrateur, muraliste, enseignant, graphiste, typographe, calligraphe, mais c'est d'abord et toujours à la peinture qu'il consacra toute sa vie, avec la ténacité de ses efforts et toute la sensibilité frémissante d'un esprit à la rare délicatesse. Les tableaux de sa maturité, abstraits, s'apparentent à l'école des peintres du « Color-Field ».

Portrait d'une époque particulièrement féconde de l'art américain, portrait d'un combat et d'un renouveau incessants, portrait d'un artiste hors pair, aux idéaux exceptionnels, L'Art de Charles Pollock de Terence Maloon est aussi une méditation - d'une élégance et d'une érudition peu communes - sur la fonction et le destin de l'art pictural dans une société chaque jour davantage hébétée par les vulgaires démesures du mercantilisme.

Cette émouvante monographie, la première en son genre par la rigueur de son approche, par l'attention qu'elle déploie dans l'exploration des enjeux presque tragiques de la création artistique, par l'abondance de son iconographie, permet de plonger jusqu'au plus profond de l'exigence picturale telle que sut en témoigner sans relâche un peintre d'exception, soucieux (comme le démontre la très complète chronologie, puisant dans la correspondance nourrie et les notes personnelles de Charles Pollock, qui clôt le volume) de ne jamais déroger aux implacables nécessités de la « douce raison ».