La Commune de Paris au jour le jour : 1871, 19 mars-28 mai

Ce que dit l'éditeur

Un humaniste libertaire

Fils de pasteur, théologien lui-même, Élie Reclus (1827-1904) est resté surtout connu par les travaux entrepris avec son frère Elisée, fondateur de la géographie moderne : Élie et Elisée avaient ainsi songé que la cartographie, aussi utile qu'elle puisse être, était insuffisante, si l'on en oubliait que la géographie était aussi humaine...

Militants de la première heure de l'Association internationale des travailleurs, ils adhèrent ensemble à la section des Batignolles, en septembre 1864.

Tous deux s'engagent à l'occasion de la Commune de Paris, Elisée dans la garde nationale, Élie, handicapé d'une main, en tant que brancardier.

Le récit qu'il présente ici est son journal, livré tel quel. On remarquera notamment une redite, qui pourrait indiquer que l'auteur ne s'est pas relu.

Élie Reclus fait preuve d'un remarquable talent d'écrivain, développant une écriture qui tient un peu de la peinture. C'est avec un regard profondément humain qu'il nous décrit l'espoir de voir venir la République universelle, la trahison des élus de la France, le cynisme de Thiers, l'expérience du deuil - comme il croit qu'a été fusillé celui qu'il appelle « l'homme que j'aime, que j'estime et que je respecte le plus au monde ». Mais c'est aussi un homme qui sait allier engagement et distance critique. L'ouvrage est ainsi exemplaire de la manière dont un vrai militant, même vivant le martyre d'un peuple, peut éviter de réduire la pensée à des slogans, l'horizon au ressentiment, exprimant toute la profondeur d'une conscience politique qui s'élève, au-delà de l'histoire, et demeure parlante pour tous les temps.

Un magnifique témoignage de l'espoir toujours affirmé, encore et encore, envers et malgré tout, dans les tumultes d'une République prenant parfois, et de manière froide, le visage de la tyrannie.