Missa pro defunctis

Ce qu'on en pense

Pas facile d’écrire un coup de coup de cœur pour un requiem ! On imagine facilement une musique triste et lugubre. Pas facile non plus de consacrer un coup de cœur à un musicien connu des seuls musicologues spécialistes.

Et pourtant... C’est vrai : de lui, on ne connaît pas grand-chose. On n’est pas sûr de ses dates de naissance et de mort : autour de 1570 et autour de 1650. Son nom, même, s’écrit de deux façons différentes : Pedro Heredia ou Pietro Eredia. Un nom à l’image de son parcours : d’origine espagnole et mort à Rome. C’est dans la Rome du pape et des jésuites – il est musicien de l’un et des autres – qu’il va s’illustrer : il est organiste à la basilique Saint-Pierre et au Gesu. La Rome du pape et des jésuites est au XVIIe siècle un extraordinaire bouillonnement spirituel, architectural et musical. La contre-réforme et la naissance du baroque provoquent l’éclosion d’un style d’église et de musique sacrée absolument extraordinaire : simple et grandiose, accessible à tous et très sophistiqué, incarné et ouvert vers le ciel.

Vous aimez l’art de la contre-réforme, les façades et les décors “à la jésuite”, les exubérances toujours maîtrisées du baroque ? Vous allez aimer cette Messe pour les défunts de Pietro Heredia – prénom italien et nom espagnol : l’universalité de la contre-réforme, des jésuites et du baroque. Les voix et les seuls instruments à vent – les prescriptions des papes concernant la musique sacrée étaient soigneusement observées à Rome – sont magnifiques : charnus, pleins de charme et de saveur, empreints d’une certaine gloire tout en restant populaires, raffinés et très séducteurs.

Cette Missa pro defunctis nous fait examiner notre vie et désirer le ciel. Elle nous fait quitter ce monde et entrer dans l’autre avec une théâtralité qui semble rendre plus aisé ce passage si redouté. Tel le plafond peint d’une église de la Rome baroque, elle nous montre le ciel ouvert.

Jef, libraire à la Procure de Paris