L'Abbé Pierre, une vie de combats

Ce qu'on en pense

“La voix des sans voix”, “Hiver 54, l’insurrection de la bonté”, “Emmaüs, de la rue à la vie”… L’abbé Pierre, c’était une voix, des mots qui portent, un visage qu’on n’oublie pas. En un mot, une icône médiatique. Mais lui, l’homme, c’était qui ?

Il était du bois dont Dieu peut faire un saint.

Tendre et colérique, inadapté au monde et capable de le changer, humble et orgueilleux… Plus qu’homme de paradoxes, l’abbé Pierre était un insurgé, un révolté. Un homme fragile et fort, habité par une urgence qui rien ne calmait. Le film de Frédéric Tellier révèle l’essentiel : Henri Grouès (son vrai nom) avait cette chose insaisissable et évidente qu’ont les êtres qui font de grandes choses. Et, je crois, qui habite les saints.

Une vie de combats : c’est le sous-titre du film. Oh oui ! Contre le nazisme, contre la pauvreté, contre l’injustice. Contre lui-même aussi, contre ses défauts qu’il jugeait sévèrement, contre sa faiblesse de constitution qui le fit échouer chez les capucins. Prêtre, résistant, député, humaniste, ce tribun hors pair avait une arme redoutable, une voix vibrante et sans peur : c’est elle, telle une clameur toujours présente, qui habite le film.

“J'ai raté tellement de choses, je me suis souvent trompé.” Le fondateur d’Emmaüs doutait tellement de lui… Il ne se rendait pas compte du bien qu’il faisait, il ne comptait pas les vies qu’il sauvait. Ce film montre que l’une des “personnalités préférées des Français” était sûrement l’une des plus émouvantes.

Jef, libraire à la Procure de Paris VI