Henri Bouillard est avec Gaston Fessard, Henri de Lubac et Jean Daniélou, l'un des grands noms de la théologie jésuite du XXè siècle, dont l'apport ne fut pas compris tout de suite. Il est le fondateur, avec Jean Daniélou, de l'institut de science et théologie des religions de l'Institut catholique de Paris.
Henri Bouillard, né en 1908, n'est pas entré tout de suite chez les Jésuites mais a suivi un parcours classique au séminaire Saint Sulpice d'Issy les Moulineaux et à l'institut catholique de Paris, parallèlement à une licence de lettres classiques à la Sorbonne. Il C'est alors seulement qu'il rejoint le noviciat jésuite de Fourvière et passe deux ans à l'
université grégorienne de Rome. Ordonné en 1936, il est aussitôt envoyé enseigner la philosophie à l'université de Beyrouth où son cours sur
Kant fait sensation. Il soutient sa thèse de théologie,
Conversion et grâce chez Saint Thomas d'Aquin en 1941. Sur son œuvre, plusieurs influences notables : celle de
Kant, déterminante, puis
Maurice Blondel qu'il découvre au séminaire,
Karl Barth,
Eric Weil et
Emmanuel Levinas. Ses vues avancées, qui rejoignent celles des pères
de Lubac, jésuite comme lui et
Congar ou
Chenu, dominicains, le font mettre à l'écart de l'enseignement jusqu'au
concile Vatican II, en dehors, de quelques sessions à Chantilly ou à Louvain en 1962 et 1963. Il en profite pour élargir son horizon philosophique par des rencontres avec
Sartre ou
Heidegger et écrire, des articles mais aussi les trois volumes d'une étude sur
Karl Barth, parus en 1957. Ré autorisé à enseigner en 1964, il est nommé professeur de théologie fondamentale à l'institut catholique de Paris où il fonde trois ans plus tard l'
Institut de science et théologie des religions. Son apport principal est le
dialogue permanent entre philosophie et théologie. Ses deniers ouvrages, Vérité du christianisme et
Le Mystère chrétien à l'épreuve de la raison et de la foi sont publiés de façon posthume.