Herne (L'), n° 75. Stigmates

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Stigmates : le thème est d'abord une question. Comment comprendre, sans anachronismes ni idées préconçues, ce qui est en cause dans les stigmates ?

La question d'un corps énigme qui fait parler et d'un corps lui-même devenu langage, à travers les stigmates, confronte le corporel au spirituel et l'humain au divin. Le corps stigmatisé, lieu d'une manifestation, est présent dans les différentes religions.

Héritier du judaïsme qui interdit de fabriquer des images mais instaure l'alliance divine dans les corps incisés, circoncis des croyants, le christianisme est la religion de l'incarnation d'un divin qui assume les plaies, la souffrance et la mort. Le chrétien stigmatisé porte aux mains, aux pieds et au côté, sur la tête, les blessures du Christ torturé et crucifié. L'opposition du visible et de l'invisible est remise en cause par la stigmatisation. L'érotique est liée à la mystique.

Le premier stigmatisé de l'histoire du christianisme est un homme, François d'Assise, mais l'expérience de la stigmatisation est presque exclusivement féminine. Comment fixer les limites entre mystique et hystérique ? Qui a le pouvoir de juger ? Le phénomène de la stigmatisation a des implications politiques et sociales. La blessure sanglante et l'écoulement du sang, le rôle de la femme, les rapports entre la douleur et la sainteté, entre le corps et l'âme, sont autant de motifs récurrents dans l'histoire des hommes et des civilisations.

Ce Cahier de l'Herne met en perspective les interprétations de théologiens, d'écrivains, d'historiens, d'anthropologues, de philosophes et de médecins spécialistes de ce thème ainsi qu'un ensemble de textes souvent inédits destinés à soutenir la réflexion et l'analyse.