Pierre Bourdieu, issu d'un milieu modeste et pur produit de la méritocratie, est né dans le Béarn en 1930 et a fait un parcours si brillant au lycée de Pau qu'il a pu entrer en khâgne au lycée Louis-le-Grand à Paris. Reçu à l'Ecole normale supérieure en 1951, il s'y oriente vers la philosophie, rédige un mémoire sur Leibnitz, suit un séminaire sur la philosophie du droit de Hegel à l'EPHE et reçu à l'agrégation en 1954, commence une thèse sous la direction de Georges Canguilhem. Mais conscrit en Algérie en pleine guerre d'indépendance, il y reste ensuite comme assistant à l'université d'Alger, pour se livrer à des recherches et s'oriente vers la sociologie. Sa Sociologie de l'Algérie est publiée en 1958. Rentré en France, assistant de Raymond Aron à la Sorbonne, secrétaire du Centre de sociologie européenne, il publie en 1963 Travail et travailleurs en Algérie et l'année suivante Le déracinement, crise de l'agriculture traditionnelle en Algérie. La société kabyle nourrira le premier exposé de sa théorie de l'action, Esquisse d'une théorie de la pratique en 1972. Il devient en 1964 professeur à l'EPHE puis en 1975 à l'EHESS et enfin au Collège de France en 1981. Cette même année paraît le livre qui le fait connaître du grand public, Les héritiers. Il s'attache ensuite aux pratiques culturelles. Il est le premier sociologue à recevoir la médaille d'or du CNRS en 1993. Type de l'intellectuel engagé, il intervient de plus en plus dans les débats des années 80-90, s'insurge en particulier contre le néolibéralisme et son audience dépasse largement les frontières. Il meurt en 2002 laissant une œuvre considérable qui a marqué la vie intellectuelle française.