L'âme matérielle

Ce que dit l'éditeur

L'Ame materielle est un manuscrit philosophique clandestin d'importance capitale pour l'histoire des idées à l'âge classique. Il témoigne de la défaite de l'aristotélisme au XVIII^e siècle, mais aussi il signale l'impasse du rationalisme théologique. Notre philosophe anonyme retient du cartésianisme le refus de l'autorité, mais se retourne contre les preuves cartésiennes et malebranchistes de l'immortalité de l'âme. Le cartésianisme - ou le malebranchisme qui en dérive - est devenu l'ennemi le plus dangereux. «Je ne connois rien de si ridicule et de si pitoyable que l'eclaircissement du Pere Malbranche sur cette difficulté», et il ne s'agit là que des causes occasionnelles; quand on en vient à l'automatisme animal, «le jargon cartésien est à bout»; et d'ailleurs «la principale raison que Descartes aporte pour soutenir que l'ame de l'homme n'est point materielle est pitoyable». Notre philosophe exploite une véritable mosaïque de textes pour mener sa bataille et cette bigarrure même démontre que les semences de la crise «libertine» de l'âge classique sont au coeur même du rationalisme «chrétien». Abondamment cité dans notre texte, Bayle tire les conclusions.